Fabriquez vos fenêtres : éléments complémentaires (Tripli, schémas…)

Descriptif: 
Fabriquer ses fenêtres : voilà une envie bien légitime qu'ont de nombreux passionnés du travail du bois. Mais les sources sur le sujet sont peut nombreuses, et on se dit souvent que c'est affaire de spécialistes, que cela nécessite des machines hors d'atteinte et un outillage lui aussi inaccessible… Des idées reçues que nous avons fait voler en éclats une première fois, avec notre double dossier paru dans les n° 120 et 121 du Bouvet, et que nous combattons encore plus récemment dans un nouveau double dossier des n° 228 et 229 ! Un ensemble pour lequel nous vous proposons ici de nombreux éléments complémentaires.
Image: 
Fabriquez vos fenêtres, partie 1 (bonus)
Sommaire: 

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Par Sylvian Charnot

Il y a 18 ans de cela – déjà ! – Le Bouvet faisait paraître un dossier où je vous proposais de construire vous même vos menuiseries isolantes avec de l’outillage traditionnel. C’était dans les n° 120 et 121 de septembre-octobre et novembre-décembre 2006. Il se trouve justement que ma fille a restauré une maison ancienne ces temps derniers et que, allez savoir pourquoi, j’ai été mis à contribution. J’ai donc fabriqué et posé ses fenêtres et portes-fenêtres, et je suis en train de faire de même pour ses deux portes d’entrée. Pour me mettre au goût – et surtout aux performances– du jour, j’ai dû réviser ce que je mettais en œuvre il y a 20 ans. Je vous propose ici de m’accompagner sur ce chemin, dans un premier temps sur le sujet des fenêtres et portes-fenêtres, et un peu plus tard – le temps de les fabriquer – sur celui des portes extérieures.


SOMMAIRE :

• Pourquoi changer : surfaces vitrées

• Le collage en deux ou trois plis (« Tripli »)

• Document Otlav : caractéristiques des fiches « Exacta » 


Pourquoi changer : surfaces vitrées

Voici un schéma complémentaire :

Fabriquer ses fenêtres : comparatif des surfaces vitrées (2006/2024)

L'image peut être agrandie en cliquant dessus


Le collage en deux ou trois plis (« Tripli »)

Préparation d’une pièce d’épaisseur finie 66 mm en 2 ou 3 plis

• Collage en trois plis à partir de 3 pièces tirées dans de la planche de 27 mm.

  • Débit : la règle habituelle consiste à débiter avec une surcote de largeur de 5 à 7 mm. Cette marge permettra de dresser le chant de la pièce à la dégauchisseuse et de la tirer de largeur à la raboteuse. Pour cette technique, j’augmente cette surcote jusqu’à 10 mm, de façon à pouvoir corriger les éventuelles imperfections du collage. De plus, je garde à l’esprit que, plus les pièces sont longues, plus elles seront difficiles à corroyer. Il peut donc m’arriver de prévoir une surcote de 12 mm dans certains cas. Le fait de scier au ruban ou à la circulaire joue aussi : la circulaire produit un sciage plus rectiligne, et donc plus facile à dégauchir.
  • Corroyage : les pièces sont dégauchies dans les conditions habituelles et uniquement sur plat. Je laisse les chants bruts de sciage pour ne pas grever la surcote de largeur. Puis les planches sont tirées d’épaisseur à 23 mm à la raboteuse.
  • Collage : je colle sous châssis à plaquer. D’abord parce que la puissance de serrage est bien supérieure à celle d’un appareillage de serres joints, et ensuite parce que je suis sûr que mes bois, posés sur une surface plane, seront serrés bien à plat. Je mets ainsi toutes les chances de mon côté pour obtenir une pièce parfaitement rectiligne. En effet, lors d’un collage de masse, les pièces obtenues ont tendance à conserver la forme qu’elles ont prise pendant le serrage. Si les bois sont cintrés à ce moment, ils y resteront sans espoir de correction. J’utilise une colle extérieure de type vinylique D4 (Kleiberit 314.3 par exemple). Les bois sont appareillés de façon à opposer les cernes des plis extérieurs. L’âme sera choisie si possible sur quartier pour lui conférer une stabilité naturelle. Il faut établir les bois pour les retrouver rapidement une fois encollés. Les surfaces de collage sont importantes. Cela réduit le temps ouvert de la colle. Il est donc primordial de bien tout préparer avant de commencer, et d’être sûr de pouvoir mettre sous presse la totalité de ce qu’on a préparé pendant le temps ouvert de la colle. Ne soyez pas trop gourmand la première fois. J’encolle avec une encolleuse à rouleau, pour deux raisons : d’abord cela me permet d’obtenir un film de colle régulier, ensuite l’encollage est beaucoup plus rapide qu’au pinceau ou à la spatule.
  • Encollage : je dispose les pièces les unes contre les autres, face à encoller au-dessus. J’encolle de ce fait tous les bois en même temps. Je ne charge pas trop, préférant pratiquer le double encollage.
  • Préparation des piles : je place le pli d’âme sur un des plis extérieurs, faces encollées l’une sur l’autre. Je cloue aux deux extrémités pour éviter le glissement, en laissant dépasser la pointe pour pouvoir l’enlever facilement après. Il me reste à encoller la seconde face de l’âme (qui était forcément située en dessous lors de l’encollage), à positionner l’autre pli extérieur dessus et à le clouer.
    Je fais de même pour toutes les autres pièces préparées pour ce serrage.
  • Serrage : au fur et à mesure, je place les « sandwichs »sous le châssis, à la place qui leur a été préparée avant. J’ai pris soin de garnir la sole du châssis d’une couche de papier journal pour la protéger des bavures de colle. Quand toutes les pièces sont en place, je place les cales de serrage et je serre l’ensemble. J’aime que cela reste en pression une douzaine d’heures environ. Souvent, je serre le soir et je desserre le lendemain matin.
  • Ébavurage : après desserrage, j’extrais les pointes à l’arrache clou ou à l’aide d’une paire de tenailles. J’élimine soigneusement les excédents de colle qui n’ont pas manqué de se former à l’aide d’un racloir à parquet. Les fers de dégauchisseuse et de raboteuse n’aiment pas la colle.
  • Façonnage : le collage de trois éléments de 23 mm m’a fourni une pièce de 69 mm. Comme je souhaite 66 mm finis, je vais enlever 3 mm de bois à la raboteuse en enlevant d’abord 1,5 mm d’un coté sur toutes les pièces. Je règle donc ma raboteuse à 67,5 mm et vérifie une pièce d’essai au pied à coulisse. Une fois cette première passe effectuée, je retourne l’ensemble des pièces pour une passe finale à 66 mm. J’ai ainsi atteint ma cote finie en équilibrant les plis qui constituent les bois. J’ai maintenant des carrelets composés d’une âme de 23 mm et de deux faces de 21,5 mm. Cet équilibre est la garantie de leur stabilité. Il me reste à dresser un chant d’équerre à la dégauchisseuse, et à tirer les bois de largeur à la raboteuse. Me voilà prêt à établir et tracer mes ouvrages.

• Préparation de la même pièce en deux plis avec des bois tirés dans des plateaux de 41 mm d’épaisseur.

  • Débit : la règle est exactement la même que pour le tripli.
  • Corroyage : idem. Les deux pièces nécessaires seront tirées à 34 mm. Les chants restent bruts de sciage.
  • Collage : je pratique exactement de la même façon. L’avantage en n’ayant que deux éléments est que l’encollage se fait en une fois. Il suffit de retourner une pièce sur l’autre et de les clouer ensemble. L’encollage est donc plus rapide. Au sortir du châssis, il faut arracher les clous et éliminer la colle le mieux possible.
  • Façonnage : les solides capables sont épais de 68 mm. Il suffit donc de raboter 1 mm sur chaque face de façon que le joint de colle se trouve centré pour obtenir des carrelets de 66 mm. Comme précédemment, il ne reste qu’à dresser un chant d’équerre à la dégauchisseuse et à tirer de largeur à la raboteuse.


Document Otlav : caractéristiques des fiches « Exacta »


Les assemblages des dormants

Voici deux schémas complémentaires à l'article montrant la possibilité d'aligner la joue de chaque assemblage sur une des joues des feuillures :

Fabriquer ses fenêtres : assemblage des dormants, double feuillure avec assemblage simple

Fabriquer ses fenêtres : assemblage des dormants, alignement de joues

Les images peuvent être agrandies en cliquant dessus


Suite à venir à parution du n° 229 du Bouvet en novembre !

Vos commentaires

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kciroy 06/11/2024 12h20

Un grand merci à Sylvain CHARNOT pour ses excellents articles sur la fabrication des portes et fenêtres publiés depuis plusieurs années. Vos articles m'ont convaincu de me lancer dans la restauration de ma porte d'entrée. Merci pour le partage de vos réflexions autour des joints. Une question pour alimenter cette réflexion : Quid des maisons à VMC double flux ? J'ai lu qu'il faut mettre 2 joints en opposition pour garantir le maintien de la surpression générée par la VMC et faire barrage au vent extérieur...
Cordialement

Hugues Hovasse - BLB 13/11/2024 11h48

Contacté, Sylvian vous répond :
« Voilà une question que je n'attendais pas. Je ne suis pas très connaisseur en matière de VMC car je travaille plutôt sur des maisons anciennes, dans lesquelles ce système n'est pas absolument nécessaire (en tout cas à mon sens). Maintenant, pour répondre techniquement à ce cas, il faudrait inverser le joint situé côté intérieur sur la menuiserie. Cela me paraît compliqué, dans la mesure où il faudrait alors le poser sur le dormant… Cela nécessite de changer les profils de l'intérieur du dormant et du pourtour des ouvrants. Rien n'est impossible, mais c'est une remise en question complète du système. Gros boulot ! D'autre part, je ne connais pas le niveau de surpression créé par une double flux, mais cela m'étonnerait qu'il soit de nature à "ouvrir" les joints d'étanchéité quand ils sont posés dans le sens habituel. Il faudrait se renseigner plus avant, mais je pense à priori que c'est un phénomène négligeable.
Voila. C'est un peu une réponse de normand, mais je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle. Le travail à effectuer est lourd. Avant de l'entreprendre, il faudrait déjà s'assurer qu'il est nécessaire (au maintien de la surpression), et donc utile. »