L'avoyage d'une lame de scie à ruban
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D'autres « Bonus » liés au Bouvet n°178 :
- un autre article sur le remplacement de la pièce de sécurité d'une scie à ruban
- les photos des petites annonces de ce numéro
- des vidéos sur la fabrication d'un établi.
Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste
Si vous souhaitez vous occuper vous-même de cette tâche plutôt que de la confier à un affûteur professionnel, en ce qui concerne les lames de ruban, je connais deux outils d’avoyage : la pince à avoyer, manuelle, d’utilisation tout de même assez aléatoire et fastidieuse. Et un mécanisme dédié, somme toute manuel : une avoyeuse. La mienne est une Simob, et elle m’est fidèle depuis bien longtemps. Je ne sais pas si la marque existe toujours, mais on en trouve d’occasion sur des sites Internet de petites annonces pour environ 160 €. À ce prix, pourquoi s’en priver ?
► Avoyage à la pince
- Réglages : après avoir introduit la lame dans les mâchoires, on agit, à l’aide de la molette idoine, sur la butée de profondeur de façon que le marteau prenne un tiers de la hauteur de la dent. On règle ensuite la valeur de la torsion par l’intermédiaire de la vis supérieure. Ces réglages ne sont pas évidents : On est obligé de procéder par essais successifs, et quelquefois de détordre les dents qui ont reçu une voie trop importante pendant ces tâtonnements. Comme vous le voyez ci-dessous, les mâchoires ne serrent pas la lame, et cette dernière bascule en accompagnement du mouvement du marteau quand il tord la dent. Il faut donc en tenir compte lors des réglages, et je trouve personnellement qu’il est difficile d’obtenir une voie régulière avec cet appareil.
- Travail : on avoie toutes les dents d’un côté, puis on retourne la pince, et on fait l’autre côté. Comptez bien 1 heure pour avoyer une lame de débit, avec de l’habitude. Quant aux lames à chantourner, qui comportent beaucoup plus de dents au mètre linéaire…
► Avoyage à la machine
Je vous conseille vivement le petit investissement que représente une avoyeuse. « Machine » est un bien grand mot pour ce petit appareil manuel. Mais vous allez voir qu’il facilite bien la vie.
- Principe de fonctionnement : la lame est maintenue dans un étau qui permet de l’amener à la bonne hauteur par rapport aux marteaux avoyeurs. On la serre suffisamment pour qu’elle ne bouge pas sous la pression de ces derniers, mais pas trop, pour que l’avance soit facile. Quand on tourne la manivelle, un mécanisme fait avancer la lame d’une dent, puis actionne un des deux marteaux, et ainsi de suite. En déplaçant une roulette à droite ou à gauche, on peut choisir entre affûtage alterné ou sur trois dents.
- Réglages :
- Je règle d’abord la hauteur de lame : les fond des dents doit être affleurant aux mâchoires de l’étau. Je peux alors régler le serrage de l’étau.
- Réglage de l’avance (Photo 5) : après avoir positionné une dent en face des marteaux, je règle le doigt pousseur au fond de la dent précédente. Je bloque, puis je règle l’avance selon le pas de la lame, à l’aide de la vis arrière. Le doigt doit pousser chaque dent de sorte qu’elle vienne exactement en face du marteau, là où était la précédente juste avant. Pendant ce réglage, les marteaux sont reculés au maximum, de façon à ne pas toucher les dents.
- Quand l’avance est bonne, je règle l’action des marteaux : je bloque le doigt (à l’aide d’un tournevis sur la photo) pour le rendre inopérant, et je manipule le marteau à régler en agissant d’avant en arrière sur la manivelle d’entraînement. Ce faisant, je le sort peu à peu, jusqu’à ce que la torsion obtenue sur la dent me satisfasse. Je bloque alors le contre écrou pour figer mon réglage, j’avance la dent suivante en face des marteaux et je recommence l’opération pour le marteau opposé.
- Travail :
Après avoir vérifié que tout est bien verrouillé, le travail peut commencer.
- Avant toute chose, je repère la première dent avoyée, pour savoir quand m’arrêter. Un trait de marqueur de chaque côté de la lame fait l’affaire.
- Il n’y a plus qu’à tourner la manivelle ! Remarquez que j’ai calé la lame pour qu’elle soit à hauteur de la machine. L’idéal serait d’avoir deux volants en bois réglables en hauteur et qui tourneraient avec l’avance de la lame. Mais comme je n’ai jamais le temps de rien…
Important : j’ai toujours une main sur la lame : ainsi, si par hasard l’avance manque une dent, je le sais tout de suite, et je peux corriger. C’est important, car si on saute une dent, cela inverse la voie. Ça peut être catastrophique pour la lame, et se traduire par de nombreuses dents cassées !
Il me faut à peu près 2 minutes pour avoyer une lame, une fois les réglages faits.
Note : le nombre de dents d’une lame n’est pas forcément pair. Il est donc possible, lorsqu’on a fait un tour complet d’avoyage, qu’on retombe sur une dent avoyée à l’inverse de ce que la machine se prépare à faire. C’est pourquoi il est important de marquer le début du travail, et de savoir où s’arrêter.
En complément de cet article de Sylvian, découvrez la vidéo que Samuel a réalisée, sur la même avoyeuse et la même méthode de travail :
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