Scie à ruban : remplacer la pièce de sécurité

Descriptif: 
Autour du passage de lame, on observe une réserve de forme rectangulaire dans laquelle est insérée une cale en bois : c'est la pièce de sécurité. Il s'agit surtout de sécurité pour la lame qui, étant flexible, a tendance, selon les forces qu'on exerce sur elle, à se déplacer un peu latéralement. S'il n'y avait pas de pièce de sécurité, et que la fonte arrive tout près de la lame, celle-ci la toucherait. Pour être efficace, la pièce de sécurité doit être parfaitement affleurante à la table, et présenter une fente la plus fine possible. Elle participe ainsi au guidage de la lame, et évite que de petites chutes soient entrainées sous la table et se glissent, par exemple, entre le volant et la lame, pouvant alors aller jusqu'à la faire sauter. Elle fait également office de pare-éclat. Mais il est bien évident que, à force d'être attaquée par la lame à droite ou à gauche lorsque celle ci se déporte, la fente s'élargit, et la pièce perd en efficacité. Il faut alors la remplacer.
Image: 
Scie à ruban : pièce de sécurité en place
Sommaire: 

Note : le n°178 du Bouvet comporte plusieurs bonus. Cet article, ainsi qu'un autre article sur l'avoyage d'une lame de scie à ruban, les photos des petites annonces de ce numéro, et des vidéos sur la fabrication d'un établi.
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Par Sylvian Charnot, menuisier-ébéniste

De plus en plus souvent, lorsqu’on achète une scie à ruban neuve, on trouve dans le logement de la pièce de sécurité un vulgaire morceau de plastique percé de trous ronds censés faciliter l’aspiration des sciures, et fendu d’une lumière largement dimensionnée. Le bloc de table ainsi proposé, qui a cependant reçu un agrément de sécurité, présente souvent l’inconvénient d’être mal ajusté – donc de bouger – et de ne pas affleurer la table. Si vous êtes en possession d’une machine équipée de cette façon, je vous conseille, comme nous allons le faire, de remplacer cet accessoire par un bloc de sécurité « maison » ajusté au mieux. Je conseille pour cela d’utiliser un bois dur, qui résistera mieux et plus longtemps aux attaques de la scie. La pièce de sécurité de ma machine n’est plus très belle, elle était en padouk.

Scie à ruban : pièce de sécurité à changer

Vous connaissez peut-être ce bois exotique originaire d’Asie et d’Afrique surexploité à l’époque coloniale pour ses deux principales qualités : sa couleur qui, suivant sa provenance, offre une belle palette de rouges allant du brun rougeâtre à un rouge flamboyant (et qui justifie son autre appellation de « bois corail »), et sa grande dureté, surtout chez le padouk d’Asie. Je n’en possède plus, mais un bon cormier fera l’affaire. J’aurais pu aussi choisir un alisier, ou un érable. Par contre, je ne préconise pas le chêne. Je préfère, pour ce genre de pièce, les bois denses à grain serré et à pores fermés.

Allons-y ! D’abord, par précaution, je repère l’arrière de la lame ainsi que la trace de sa voie, d’un côté où de l’autre (à droite sur la photo ci-dessous).

Remplacement de la pièce de sécurité : repérage de la lame de scie

Je situerai la lumière à usiner dans la nouvelle pièce par rapport à ces deux marques : celle-ci devra se trouver à gauche du repère de voie, et s’arrêter un peu plus loin que le repère arrière. Si tout se passe bien, je devrais pouvoir obtenir ces valeurs sur la lame elle-même, un peu plus tard. Ce marquage au ruban adhésif est juste une précaution.

Je démonte l’ancienne pièce, en la chassant depuis le dessous avec un marteau et une chasse (outil de maçon, sorte de burin à bout plat). Ce n’est pas toujours facile, car ces pièces sont montées en force.

Dépose de l’ancienne pièce de sécurité

Quand c’est fait, je relève les cotes de la réservation pratiquée dans la table, dont l’épaisseur que je mesure jusqu’à la butée de profondeur que vous avez certainement remarquée. Après avoir corroyé un morceau de cormier à 43 mm d’épaisseur et 62 mm de largeur, je fixe sur la machine une fausse table (une simple chute de contreplaqué dans laquelle je fais un trait de scie). Je peux ainsi faire mes coupes de longueur à 100 mm.

Mise de longueur de la nouvelle pièce

En fait, comme je le signale sur la photo ci-dessus, j’ai usiné cette pièce suivant des dimensions « fortes », c’est-à-dire un peu au dessus de la cote finale. La longueur n’est pas 100 mm, mais ce n’est pas non plus 101 mm. Il en va de même pour les deux autres dimensions. Aussi, quand je la présente au dessus de son logement (lame démontée), elle paraît être aux bonne mesures, mais refuse de s’engager. C’est ce que je souhaitais, car il faut que l’ajustage se fasse en force.

Présentation de la pièce de remplacement

Je remonte la lame, et j’écarte les galets du guide-lame de façon qu’ils ne la touchent pas. Je relève la cote arrière, et la cote à droite de la voie. Mes repères au ruban adhésif n’auront servi à rien. Ce n’est pas grave, deux précautions valaient lieux qu’une. Je trace sur la pièce l’emplacement du trait de scie d’après ce relevé.

Tracé de l’emplacement de la fente

Puis je remets la fausse table en place, afin d’usiner la fente dans la pièce de sécurité à l’aide de la lame qu’elle va protéger. Un seul trait de scie suffit, puisque sa largeur correspond à la voie de la lame.

Exécution du trait de scie

L’étape suivante se passe à l’établi : il convient de donner de « l’entrée » à la pièce. Au rabot, à la râpe, au racloir, je donne une légère pente aux 4 faces de la pièce. J’arrondis également légèrement les angles, pour être sûr qu’ils ne butent pas. Ce sont les faces qui doivent s’ajuster à la réservation pratiquée dans la table. Je reviens souvent faire des essais de mise en place, en conservant la lame montée, pour vérifier que la fente reste bien alignée avec elle, jusqu’au moment où je sens que la pièce va accepter de s’engager à fond.

Essai de mise en place de la pièce de remplacement

Je démonte alors la lame de scie, et j’insère la pièce en place à l’aide d’un marteau et d’une cale martyre. Je frappe jusqu’à ce que la pièce refuse de s’enfoncer. Normalement, elle doit être à fleur de la table, et la cale martyre doit porter dessus. Dans le cas contraire, le désaffleur n’est que de quelques dixièmes (la surcote du début), et un coup de racloir finira le travail. Le serrage est tel qu’il a provoqué un resserrement de la fente. C’est normal.

La nouvelle pièce est en place, bien ajustée et bien à fleur

Je l’élargis à l’aide d’une égoïne.

Reprise de la fente à l’égoïne

C’est quand on remet la lame en place qu’on s’aperçoit du changement…

Scie à ruban : pièce de sécurité en place

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Une autre procédure ?

Vous penserez peut être, et à juste titre, que j’aurais pu procéder à l’inverse : d’abord ajuster la cale, puis usiner la lumière, pour éviter que celle-ci se resserre. Voici pourquoi j’ai choisi cet ordre dans mon travail : ces blocs de sécurité doivent être ajustés vraiment très serrés. Ils ne doivent pas pouvoir bouger pendant le temps qu’ils passeront sur la machine. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils rempliront leur office au mieux. Cela veut dire que, lors de l’ajustage, lorsque je sens que le bloc peut descendre en place dans son logement, je vais vraiment le faire forcer. Il sera alors impossible de le ressortir sans l’abîmer. Je préfère donc que la lumière soit déjà usinée, même en sachant qu’elle sera à retoucher à la scie égoïne.

Autre chose : vous aurez peut être l’occasion de voir des pièces de table percée de part et d’autre de la lumière (schéma ci-dessous). Comme je l’ai dit plus haut en parlant de l’équipement d’origine d’un certain nombre de scies neuves, ces orifices sont destinés à faciliter l’évacuation des déchets.

Scie à ruban : pièce de sécurité avec trous d’évacuation des sciures

J’ai essayé de percer des trous de 10 mm. Je n’ai pas constaté de différence. Mais il est vrai que ma buse d’aspiration ne colle pas sous la table. Peut être la différence est elle notoire dans le cas d’une buse bien ajustée. Ceci dit, la sciure, comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, étant véhiculée par les dents de la scie tant qu’elles restent dans le bois, et le sciage s’effectuant juste au dessus de la lumière de la pièce de sécurité, je pense pour ma part qu’elle se trouve d’office conduite en dessous de la table, où elle est prise en charge par l’aspiration. Sur ma machine, le bénéfice dû à ces trous d'évacuation n’est pas probant. À voir donc selon votre équipement.

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