Ateliers des Lecteurs : l'espace tournage de Claude
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Par Claude Gomi
RÉAMÉNAGER UN COIN DE L’ATELIER
Mon atelier étant déjà bien équipé, il m’a fallu trouver dans quel coin placer mon futur tour à bois. L’espace retenu était plutôt réduit, mais je n’ai trouvé que cet endroit où je pouvais le caser : devant la fenêtre de la partie où se trouvait déjà ma scie à ruban. Celle-ci étant posée sur un socle à roulettes, je pouvais déjà la déplacer au mieux selon mes besoins.
Le vrai problème, c’était l’emprise au sol de mon futur tour à bois. Il n’était pas envisageable de caser à cet endroit une machine de plus de 1,50 m de long. Cela éliminait pas mal de modèles, mais je savais que je ne serais pas un réel fervent du tournage. Je voulais surtout pouvoir tourner des objets de petite ou moyenne taille et des pieds de chaises par exemple. Le tournage de gros objets (assiettes, vases, bols…) ne m’intéressait pas et ne m’intéresse toujours pas.
J’ai donc porté mon choix, après mûre réflexion et maintes hésitations, sur le Jet JWL-1236. Il mesure 1,50 m de long, rallonge de fixation du porte-outil comprise. À l’usage, je trouve son variateur mécanique bien pratique et sa stabilité suffisante pour les pièces que je veux tourner. Pour l’instant, ce tour me donne entière satisfaction. Je ne l’ai pas encore exploité jusqu’aux limites de ses possibilités, mais ça viendra bien un jour ! Pour autant, je le répète, le tournage de grosses pièces ne m’intéresse pas. Pour combien de temps encore ? Je ne le sais pas, mais je ne cherche pas à précipiter les choses.
DES ACCESSOIRES POUR MON TOUR
- Un pupitre pour les modèles à tourner
Tous les tourneurs savent que certaines pièces au profil compliqué doivent présenter des mesures précises. Ces mesures doivent être reportées sur un schéma de tournage qui doit être bien en vue, surtout si les pièces en question doivent être reproduites en plusieurs exemplaires. J’ai pensé que l’idéal serait d’avoir ce schéma en permanence sous les yeux, grandeur nature. En effet, à peine initié aux techniques de base du tournage, je me suis lancé dans la fabrication de douze pieds de chaises, de douze montants arrière et trente balustres, toujours pour ces mêmes chaises. L’idée m’est donc venue de fabriquer un pupitre à fixer sur le tour à bois, sur lequel je pourrais poser mes schémas de tournage. Comme les dimensions de ces schémas dépendent de celles de la pièce à tourner, il fallait que mon pupitre puisse s’adapter facilement à la majorité des cas de figure.
Je vous livre le montage que j’ai mis au point après quelques tâtonnements, et mis à l’épreuve par une longue utilisation ! Une traverse, de section suffisante pour lui assurer une bonne rigidité, supporte le système. Ici, nul besoin de rechercher une essence particulière, il faut par contre une pièce sans défaut, à la structure régulière (stabilité oblige), comme pour toute pièce maîtresse dans un montage. Sa longueur dépend de celle des pièces les plus longues qu’il faut travailler et sa hauteur doit permettre une fixation au banc de tournage sans gêner le déplacement de la contre-pointe et du porte outil. La traverse de mon montage repose sur un rebord du banc arrière et arrive presque au niveau de la surface de déplacement des outils. En plein milieu de la hauteur de la traverse est creusée une rainure en T.
Une fois percés, deux petits blocs de bois peuvent coulisser le long de la rainure grâce une vis dont la tête est engagée dans la rainure en T. Les côtés du pupitre sont découpés dans du contreplaqué de 8 ou 10 mm (voyez leur profil sur la photo). La découpe du bas leur assure une certaine stabilité. Le haut est scié incliné, en laissant une butée afin de bloquer la planche support de schéma et le schéma lui-même. Deux vis fixent les côtés aux blocs coulissants. La fixation du pupitre au banc du tour se fait au moyen de deux presses en C.
Son utilisation est très simple. Après fixation du pupitre sur le banc, il suffit de régler l’écartement des côtés en fonction de la longueur du schéma. Une planchette en contreplaqué de 4 mm avec une petite baguette de butée pour les petits schémas est posée par dessus.
Le schéma de profil de tournage est sommairement collé sur un carton puis posé sur le plan incliné du pupitre. L’absence de vibration du tour à bois rend inutile la fixation de cet ensemble.
Je pense que ce montage doit pouvoir s’adapter à de nombreux modèles de tours moyennant quelques petites modifications et être utilisé pour tous les profils d’objets de diamètre inférieur à la largeur du banc.
- Un support d’outils à tourner
Cette idée d’accessoire n’est pas originale, mais puisque je vous montre comment j’ai aménagé mon espace de tournage, je vous la présente ! Grâce à ce support, les gouges utilisées sont à portée de main et parfaitement identifiées par leur position dessus ou par un coup d’œil sur l’extrémité de l’outil. Cet accessoire est très pratique et facile à réaliser.
J’ai acheté la vis de serrage faite pour cet usage, mais je suis sûr qu’il est possible de bricoler le système avec un morceau de bois dur faisant office de rondelle et d’une vis avec un écrou papillon ou, mieux, un bouton de serrage, pour la fixation sur le tour.
Comme vous pouvez le voir sur les photos, j’ai percé une planche en sipo de 350 x 180 x 15 mm de trois rangées de trous adaptés aux trois catégories de gouges que je possède. C’est un accessoire facile à adapter selon les besoins.
UN PETIT RANGEMENT SOUS LE TOUR
J’ai voulu récupérer l’espace disponible sous mon tour à bois pour ranger certains accessoires qu’il est toujours commode d’avoir à portée de main. J’ai préféré un meuble avec portes, de façon à mettre à l’abri son contenu de la poussière et des copeaux… qui s’accumulent vite au pied d’un tour à bois !
J’ai voulu faire simple et pratique. J’ai posé une planche mélaminée, légèrement en force, sur le cadre d’assemblage de l’empattement du tour.
J’ai assemblé, à part, des planches en mélaminé blanc, à la façon d’un caisson de meuble de rangement de cuisine. Les côtés sont assemblés aux panneaux haut et bas par des vis spéciales d’assemblage pour ce type de meuble (les grandes surfaces en vendent). Les portes sont alésées sur trois côtés par des baguettes en bois, usinées avec une languette pour être assemblée dans une rainure aux champs de la porte. Elles sont montées avec des charnières à cuvette, toujours à la façon des meubles de cuisines.
Petit détail important : pour que les copeaux, abondants quand on tourne du bois, ne s’accumulent pas sur le dessus des portes ni ne pénètrent dans le meuble quand on ouvre ces dernières, j’ai fixé sur le meuble une plaque de polypropylène de 4 mm d’épaisseur que j’avais dans un coin de l’atelier. Cette plaque est légèrement plus grande que le dessus sur trois côtés et dépasse à l’avant l’aplomb des portes d’une dizaine de millimètres. Son entretien est des plus faciles.
Pour fixer le meuble sur la planche posée sur le piétement du tour, j’ai utilisé deux vis d’assemblage d’éléments de cuisine.
Avec ce rangement, mon tour se trouve dans une certaine mesure lesté, et l’espace qu’il occupe est optimisé. Je dispose en plus d’une surface plane où je peux éventuellement poser objets et accessoires.
Cette idée peut être exploitée sur de nombreux tours, même s’il s’agit d’un modèle sans cadre d’assemblage des pieds. Il suffit simplement de réaliser un meuble sur pieds.
UN MEUBLE DE RANGEMENT POUR TOURNEUR
Posséder un tour à bois ne suffit pas pour tourner, c’est bien connu. Tout un équipement de complément est nécessaire. Mais où et comment ranger les gouges, la meule pour les affûter, tout un assortiment d’accessoires et les produits de finitions ? Dans le but de rassembler de façon pratique tout cet arsenal, j’ai projeté de fabriquer un meuble permettant de tout ranger à portée de main. Fortement inspiré par des modèles proposés dans les publications anglo-saxonnes, j’ai mis au point le meuble que la photo ci-contre vous présente.
- Présentation
Ce meuble a la particularité de permettre le rangement de pratiquement tous les accessoires nécessaires à la pratique du tournage. La partie supérieure rassemble toutes mes gouges à portée de main. Les portes creuses doublent la possibilité de rangement. J’ai également aménagé l’espace restant au dessus de ces gouges pour ranger les divers produits de finition (vernis, encaustique…).
Le plan situé à mi-hauteur reçoit une meule à affûter. Comme l’interrupteur de cette machine n’est pas toujours accessible et peu pratique à manipuler, j’ai transféré cette commande sur un bloc de prises commandé par un interrupteur, lui toujours à la même place, à portée de main, et très souple à utiliser.
Sous ce plan de travail se trouvent deux tiroirs. L’un est dédié à la documentation sur le tournage et aux petits accessoires de tournage. L’autre rassemble tous les gabarits et tous les accessoires destinés à l’affûtage.
La partie inférieure permet le rangement de gros matériel sur deux étagères. Deux portes en latté mettent le tout à l’abri de la poussière.
Le plan de travail a une profondeur 450 mm. Comme une étagère trop profonde n’est pas pratique pour le rangement, j’ai placé une cloison pour limiter cette profondeur à environ 285 mm. De cette façon, un autre espace de rangement, fermé par deux portes, a été rendu possible à l’arrière du meuble. Ce meuble étant monté sur quatre roulettes mobiles, accéder à ces portes n’est pas un inconvénient, d’autant plus que j’y place du petit matériel dont j’ai peu souvent besoin. Comme vous pouvez le voir sur les différentes photos, ce meuble est peint, ce qui donne une note colorée à ce coin de mon atelier. Vous pouvez voir également des boutons de portes de trois couleurs différentes. Je me suis permis cette fantaisie, parce que j’ai voulu utiliser en priorité ce qui restait dans mes tiroirs !
Enfin, un système de support coulissant, situé sur chaque côté, permet de bloquer et d’éventuellement stabiliser le meuble où qu’il se trouve.
- Description
Les côtés sont découpés dans une planche selon les cotes du schéma. Le latté de 18 mm d’épaisseur assure une rigidité suffisante à l’ensemble. La découpe des deux angles droits rentrants est le seul point délicat de la réalisation car, quel que soit le mode de découpe de ces côtés, il faut terminer cette découpe à la main ou à la scie sauteuse. En contrepartie, la fabrication du meuble est simplifiée. Le but est d’obtenir un meuble vite fait et solide et non pas de faire un exercice de style.
Les plans horizontaux, tous de 600 mm de long, sont assemblés aux côtés dans des rainures de 18 mm de large à mi-bois, renforcés par des vis qui seront masquées par des petits caches en plastique. Le meuble mesure ainsi 618 mm de large, hors tout.
Ces plans sont en latté de 18 mm, sauf le plan de travail destiné à l’affûtage que j’ai découpé dans une chute de plan de travail de cuisine qui me restait d’une réalisation antérieure. Ce plan de travail est alésé en façade avec une baguette d’environ 15 mm de large et déborde des façades des tiroirs d’environ 10 mm. Ceci pour éviter que des débris ou même de l’eau ne s’infiltrent dans les tiroirs, qui doivent bien sûr être fermés lors de tout travail d’affûtage.
Les portes de la partie rangement des gouges sont de la même profondeur que la partie haute du meuble (130 mm).
Le tiroir du haut destiné au rangement des accessoires de tournage fait 95 mm de haut et celui du bas destiné au rangement des accessoires d’affûtage fait 125 mm de haut. J’ai assemblé les caissons par des queues d’aronde. Leur façade rapportée recouvre les côtés du meuble. Ils sont montés sur des coulisses à galets, très pratiques pour ce genre d’utilisation. Leur manipulation est très souple, ils sont bloqués en fin de course mais peuvent être extraits très facilement de leurs coulisses en cas de besoin.
Une planche sépare l’espace tiroirs du rangement du bas, sur toute la profondeur du meuble. Cela permet de pratiquer une rainure sur quatre côtés, à 170 mm de l’arrière du meuble pour l’encastrement d’une cloison de séparation en contreplaqué de 4 mm.
Les fonds de meubles compris entre les plans horizontaux des parties supérieures sont assemblés en rainure à environ 10 mm du bord des parties concernées.
Afin de renforcer la base du meuble, le bas est renforcé par une planche en contreplaqué de 10 mm d’épaisseur vissée en plusieurs endroits à la planche en latté.
Toutes les parties du meuble doivent être usinées et montées à blanc avant l’assemblage définitif. Ces assemblages se font le meuble couché sur l’arrière. L’assemblage définitif se fait entièrement avec des vis. Je n’ai collé aucune pièce.
- L’aménagement de la partie haute
- Le rangement des gouges
Les gouges sont engagées dans des trous percés dans deux planches espacées en hauteur pour former un râtelier. Elles sont ainsi maintenues à leur place de façon sûre et en position prêtes à être utilisées. Je possède trois tailles de gouges donc j’ai aménagé trois systèmes de rangement :
- Les grandes gouges, peu nombreuses, sont rangées dans une porte creuse entre deux planches-étagères de 18 mm d’épaisseur espacées de 420 mm. Elles sont percées de trous de Ø 40 mm. Celle du bas est percée tous les 50 mm à 30 mm du devant pour y mettre les manches, celle du haut est percée également tous les 50 mm à 40 mm de l’arrière pour y engager les gouges. Cela donne une inclinaison à chaque outil et lui permet de rester dans une position stable.
- Le procédé est le même pour les gouges moyennes, seulement les planches percées sont espacées de 270 mm. Les trous de Ø 35 mm sont espacés de 47 mm avec un décalage de 45 mm entre les trous du bas et ceux du haut pour permettre l’inclinaison des gouges.
- Enfin, pour ranger mes « mini-gouges », les planches ne sont espacées que de 200 mm, elles sont percées tous les 40 mm de trous de Ø 30 mm. Le décalage de perçage entre les deux planches est 40 mm.
Les planches du bas de ce râtelier sont directement vissées à la structure. Les planches du haut sont vissées dans des tasseaux de 18 x 12 eux-mêmes vissés sur les côtés du meuble.
- Le rangement des fournitures de finition
Afin d’utiliser au mieux l’espace libre laissé au dessus des gouges, j’ai fixé une étagère avec un large rebord en Plexiglas. J’utilise les deux étagères que j’ai aménagées pour ranger tous mes produits de finition dédiés au tournage.
- Et pour finir
Une fois mon meuble assemblé et peint, j’ai mis en place les systèmes de fermeture des portes. Les portes simples sont montées sur des charnières à cuvette, avec recouvrement pour le rangement avant et à encastrement pour le rangement arrière. L’effet ressort de ce système dispense de monter un système de blocage, mais cela demande de fixer des petites butées pour les portes arrière.
Les portes du haut, dont l’ouverture doit être totale, sont montées sur des charnières de type piano. J’ai assuré leur fermeture par des loqueteaux à pinces. Tous ces détails peuvent être modifiés en fonction des préférences de chacun et si ce type de meuble vous intéresse, pensez qu’il peut être agrandi dans une certaine mesure en fonction de vos besoins !
Je termine en disant que ce projet plutôt élaboré m’a jusqu’à présent donné entière satisfaction et a répondu aux besoins de rangement et d’utilisation que l’on peut attendre d’un utilitaire de tournage. Je n’ai pas regretté le temps passé à mener cette réalisation jusqu’au bout.
LE MOT DE LA FIN Prendre le temps d’aménager son espace de travail permet de pratiquer au mieux sa passion. Mettre entre parenthèses sa soif de création est loin d’être du temps perdu ! Un dernier mot sur le confort de travail. Travailler face à une fenêtre est très agréable, le poste de travail est la plupart du temps bien éclairé, mais de la réverbération ou un rayon de soleil trop direct peut être désagréable. J’ai trouvé la solution pour remédier à toutes ces situations : j’ai fixé tout simplement un petit store à enroulement devant chacune des vitres. |
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en réponse à ma demande de recherche sur les cuisines, j'ai obtenu "l'espace tounage de Claude". Sans commentaires ...
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