Un lit pour bébé simple et moderne
Un petit lit pour bébé, facile et pas cher à construire, et facile à intégrer dans un intérieur contemporain, avec ses lignes sobres. Il peut aussi être décoré de toutes sortes de façons, par l'ajout de motif en applique, de frises avec des motifs…
Par Sébastien Collenne, menuisier, formateur
Je commence toujours, pour mes réalisations, par faire un tour de l’existant. Je dégrossis mes recherches grâce à Internet, enregistrant les images des modèles qui me plaisent. Je ressors également mes anciens numéros du Bouvet, scannant les articles qui m’intéressent. On trouve aussi de plus en plus de plans sur Internet, notamment pour le logiciel SketchUp. Ils permettent parfois de fabriquer, mais je trouve que beaucoup présentent des erreurs. N’hésitez pas non plus à faire le tour de vos amis et connaissances pour avoir leur avis sur leur modèle du meuble que vous prévoyez de réaliser : leur utilisation au quotidien est une mine d’information pour votre projet !
CAHIER DES CHARGES, DIMENSIONS, SÉCURITÉ
Ce lit pour bébé doit répondre à plusieurs besoins. D'abord ceux liés à sa fonction :
- tenir compte des dimensions commerciales des matelas pour bébé : 1 200 x 600 mm
- remplir tous les critères en matière de sécurité (hauteur des garde-corps, pas de partie saillante, pas de risque d’intoxication avec les finitions utilisées, pas de risque de pincement, ni de coincement) ;
- être peu bruyant (éviter les grincements, claquement du sommier sur le bois de lit dû au mouvement de bébé qui s’agite) ;
- être esthétique et correspondre à la douce atmosphère d’une chambre de bébé, ses couleurs doivent aussi être en harmonie avec le reste de la chambre ;
Il doit aussi pouvoir accompagner l'enfant aussi longtemps que possible et donc :
- être réglable en hauteur ;
- être démontable facilement, avec un seul outil, pour suivre le bébé au gré de déplacements ou déménagements ;
- permettre de recevoir par la suite un tiroir de rangement, en partie basse ;
Il doit enfin répondre à certains besoins de son fabricant (moi !) :
- tenir dans ma voiture une fois démonté ;
- me coûter moins de 100 € ;
- me prendre 30 heures maximum (de la réflexion à l’installation dans la chambre de bébé)> Sécurité et réglementation :
Fabriquer un lit pour enfant oblige à respecter la norme NF EN 716-1 sur les lits à nacelle fixes et pliants à usage domestique pour enfants, ainsi que le décret n° 91‐1292 du 20 décembre 1991 modifié relatif à la prévention des risques résultant de l’usage des articles de puériculture. Ces textes expliquent que :
- dans un lit conçu conformément aux exigences de sécurité, le bébé ne doit pas pouvoir tomber ni grimper facilement, ni se coincer la tête entre les barreaux.
- vous ne devez pas pouvoir passer plus de deux doigts entre le matelas et les barreaux du lit, sans quoi le bébé risque d’y coincer sa tête et de s’étouffer.
- assurez-vous que le matelas est conforme aux normes de sécurité en matière d’inflammabilité.
- n’utilisez jamais un matelas en mousse sans housse.
- attention aux pommeaux décoratifs sur les poteaux d’angle : ces éléments présentent un risque d’arrachage et d’étranglement.
- La peinture du lit doit être de bonne qualité pour que l’enfant ne risque pas, en mordillant les bords, de l’écailler et d’en avaler des morceaux.
- Les produits de finition utilisés doivent répondre à la « norme jouets » (NF EN-71-3).
Par conséquent :
- l’espacement des barreaux ne doit pas dépasser 6 cm ;
- la profondeur sur matelas (c’est-à-dire la hauteur entre le dessus du matelas et le haut du lit) doit être au minimum de 50 cm. La profondeur sans matelas doit être d’au moins 60 cm ;CONCEPTION DU MODÈLE 3D
J’utilise le logiciel Solidworks pour réaliser mes modèles 3D. Cela me permet de vérifier les proportions de l’ensemble et de définir mes assemblages, mes axes de perçage, mes rayons… C’est un logiciel qui demande un temps important d’apprentissage (par rapport à SketchUp par exemple), mais qui est à mon avis plus performant. Son principal avantage, c’est qu’il modifie les mises en plan automatiquement si l’on modifie une pièce d’un assemblage (en contrepartie de SketchUp, disponible dans une version gratuite tout à fait suffisante, SolidWorks est tout de même beaucoup plus cher).
Pendant la phase de conception, il faut toujours garder en tête la capacité de ses machines et l’outillage à disposition. Si j’ai une hésitation sur la faisabilité d’une pièce ou d’un assemblage, je modifie les plans pour faciliter mon travail à l’atelier.
J'ai au départ imaginé un premier modèle, mais je n’avais pas prévu de montants sur les garde-corps, ce qui posait un problème pour un assemblage sûr, esthétique et résistant avec le pied et la tête de lit. Je l'ai donc modifié pour arriver à un résultat satisfaisant.
!! Cliquez ICI pour télécharger le plan complet au format SketchUp (SKP) !!
> Détails d’assemblage
Après modification et validation de mon modèle 3D (par ma compagne, étape indispensable pour éviter toute réclamation future !), je commence à définir mes assemblages : tenons, mortaises, perçages, feuillure, rainure. Pour les assemblages, j’essaye toujours de respecter la règle du tiers. Par exemple, pour les épaisseurs de tenons, c’est un tiers de l’épaisseur de la pièce. Pour la profondeur des mortaises, c’est deux tiers de la largeur de la pièce. Les perçages seront quant à eux définis par les inserts (de type zamak), pour le diamètre et la profondeur.
> Liste des matériaux et quincaillerie
lit-bebe-simple-moderne-debit.xlsx
> Choix des matériaux
Je voulais un bois clair. Travaillant beaucoup le hêtre, mon choix s’est donc tourné vers cette essence. Mais un ami négociant en bois m’a propose de l’érable en 41 mm, de très belle qualité (un grand merci à Michel de la société Interbois, à Ménil-sur-Saulx dans la Meuse !). J’en avais déjà travaillé et je gardais un très bon souvenir de la finesse de son grain. Je n’ai donc pas hésité un instant. Mes premières passes à la dégauchisseuse m’ont conforté dans mon choix.
Pour les panneaux, j’ai choisi du MDF, sur lequel j’ai déjà obtenu de très belles finitions.
J’ai trouvé la frise en magasin de bricolage, en longueur de 2 m.
> Débit et corroyage
J’ai fait mes choix de section pour être en mesure de tout usiner dans du 41 mm d’épaisseur sans trop faire de perte. Le débit ne présente pas de difficulté. Attention toutefois à prévoir les barreaux dans un bois au fil bien droit, pour éviter les futures déformations de ces pièces fines. Pour le corroyage, si comme moi vous avez choisi de travailler de l'érable ou une autre essence nerveuse, il faut juste faire attention au contre-fil qui peut apparaître. J'ai fait découper mes panneaux de MDF dans une grande surface de bricolage disposant d’un service découpe : ceci évite de s'encombrer de chutes et la précision est correcte (j’ai prévu une surcote de 50 mm en longueur, et rien en largeur).
FABRICATION ET MONTAGE
> Tête et pied de lit
Je vous conseille d’assembler les montants avec le panneau de MDF avant de faire les perçages et les arrondis sur le panneau. Il faut usiner une rainure sur le chant intérieur de chaque montant, qui maintienne le panneau sans jeu. La profondeur et l’épaisseur de cette rainure doivent être réglées avec précision car elles déterminent la largeur totale ainsi que la solidité de l’assemblage.
Les arêtes des montants sont toutes adoucies par un quart-de-rond : c'est bien sûr avant collage du panneau qu'il faut usiner ce quart-de-rond de 5 mm sur les chants intérieurs.
Une fois la colle prise, vous pouvez tronçonner l’ensemble en partie basse : cela permet d'obtenir un alignement parfait entre les montants et le panneau, ce qui va servir de base pour le tracer les perçages d'assemblage et les arrondis décoratifs en partie haute et basse. C'est tout simplement au compas que j’ai tracé ces arrondis, que j'ai ensuite découpés à la scie sauteuse. Il faut être précis et essayer de le faire d’un seul trait cela évitera de perdre du temps à la finition.
La tête de lit commence à prendre forme, il est temps maintenant de tracer les perçages. Sur le plan de la tête de lit, j’ai mis les origines et les entraxes à respecter pour les perçages. Le mieux est de tracer avec une grande équerre, ce qui permet d’aligner les perçages d’un montant à l’autre. Avant de percer, faites un essai avec un insert pour le réglage de la profondeur et le diamètre. Après ces perçages, vous pouvez effectuer les quarts-de-rond de 10 mm sur les arêtes extérieures des montants.> Garde-corps (côtés)
Les deux garde-corps (un de chaque côté) ne présentent pas de difficulté si ce n’est la répartition des mortaises. Pour faciliter cette tâche, mon logiciel de DAO permet de faire une répartition et d’obtenir les côtes de positionnement. Toutes les côtes partent de l’origine, ce qui évite de se retrouver avec un décalage quand on arrive à la dernière mortaise. Je vous conseille de maintenir vos pièces avec deux serre-joints pour tracer toutes les mortaises en même temps. Les mortaises doivent être précises car si vous dépassez du trait, un jour sera visible. Les tenons des montants doivent être arrondis et recoupés.
Sur le parement des deux traverses basses, un large défonçage reçoit la frise : cet emplacement doit être usiné en plusieurs passes. Ses dimensions sont à définir en fonction de la frise que vous trouverez dans le commerce… Vous pouvez aussi vous en passer !Les barreaux reçoivent un quart-de-rond de 5 mm sur chacune de leurs 4 arêtes, ce qui permet un assemblage précis avec les mortaises de 10 mm effectuées à la mortaiseuse à mèche. Recouper les barreaux de longueur une fois les quarts-de-rond usinés permet de supprimer les défauts ou les éclats en sortie de toupie. Profitez du réglage pour usiner également les montants (deux arêtes côté barreaux) et traverses (quatre arêtes pour la traverse basse, deux arêtes pour la traverse haute).
Attention : vérifiez que les traçages des perçages des montants correspondent bien aux perçages des montants de la tête de lit.
Effectuez un ponçage avant collage sur les parties qui seront peu accessibles après. Pour le montage de ces garde-corps, effectuez un encollage normal entre les traverses et les montants (badigeonnez la colle au pinceau). Par contre, je me suis contenté de ne mettre qu'une goutte de colle dans les mortaises de la traverse basse recevant les barreaux : les barreaux doivent rentrer légèrement en force pour cela.Une fois vos deux gardes corps réalisés, vérifiez qu’ils sont parfaitement identiques (dimensions et équerrage). Si ce n’est pas le cas, vous pourrez les ajuster légèrement en longueur à la scie à format.
> Sommier
Comme toutes les pièces de ce lit, le sommier ne présente aucune difficulté non plus, mise à part peut-être la feuillure arrêtée sur les montants qu’il faut bien sur usiner à l’aide de butées et de protecteur pour travailler en toute sécurité (beaucoup de mes anciens collègues menuisiers ont eu des expériences malheureuses avec ce type d'usinage). L’assemblage des deux montants et des deux traverses d'extrémité du sommier se fait simplement par tenons et mortaises débouchants. Quant aux lattes, je les ai tout simplement réparties, puis collées et clouées. J’ai par contre aussi prévu un perçage sur les traverses d'extrémité, qui reçoit un insert zamak, pour permettre un vissage sur les barres de soutien (tasseaux) : ceci évitera que le sommier claque sur les barres de soutien quand bébé commencera à bien bouger.
> Montage à blanc
Mainenant que toutes les pièces sont usinées, je vous conseille de procéder à un montage à blanc de l’ensemble pour vérifier que tout coïncide avant d’effectuer la finition.
FINITIONS
Tous les éventuels défauts d’usinage sont supprimés à l’aide d'abrasif au grain 80. Puis un ponçage au 150 ou 180 sur l’ensemble est souhaité avant la suite. Car le lit est en partie peint, puis vernis. Et la partie délicate de ce travail consiste à poser des morceaux d'adhésif sur la tête et le pied de lit afin d’appliquer la peinture sur la partie en MDF.
Ensuite, retirez ces adhésifs avant que la peinture ne sèche, et renouvelez la même opération pour une deuxième couche de peinture, après avoir effectué un léger égrenage. Une fois la peinture sèche, vous pouvez appliquer une première couche de vernis sur l’ensemble du lit, au pinceau et au rouleau pour les parties planes. Pour ma part, j’ai appliqué trois couches de vernis avec un léger égrenage entre chaque. Après trois ans d’utilisation, la finition est toujours impeccable.
Vous pouvez maintenant remonter l’ensemble et en faire profiter votre enfant !
LE MOT DE L'AUTEUR : Sébastien Collenne
« Il est bon que le temps qui s’écoule ne nous paraisse point nous user et nous perdre, comme la poignée de sable, mais nous accomplir. Il est bon que le temps soit une construction » : comme le dit si bien Antoine de Saint-Exupéry, l’accomplissement au travers de la construction, voila ce qui nous anime, nous, les amoureux du bois. Avec entre nos mains une matière vivante qui arrive encore, après des années de pratique, à nous surprendre. Après un corroyage, il n’est pas rare de s’émerveiller devant un veinage parfait ou une couleur insoupçonnée au départ. D’obtenir après des heures de ponçage un toucher proche d’une peau de bébé ou d’un morceau de soie. Et enfin de trouver la cire, vernis, céruse, patine qui saura le mettre en valeur comme un vernis sur une toile de maître ou un maquillage discret sur une femme.
Je suis petit-fils de menuisier, vosgien et amoureux du bois, comme vous tous. Actuellement, j’ai la chance de pouvoir concilier plaisir et travail puisque je suis enseignant en menuiserie. Pas forcément passionné au départ, j’ai su apprivoiser la matière et m’accomplir dans ce domaine. L’apprentissage fut long et pas toujours des plus plaisants, soyons honnête. Étant également passionné de sport d’endurance (vélo, natation, triathlon, course à pied), j’aime comparer ces deux univers. Beaucoup d’entraînements, de pratique, des échecs, parfois des blessures, de la douleur, des doutes, mais au bout quel plaisir de finir une course ou un meuble, d’avoir enfin atteint l’objectif que l’on s’était fixé ! Voila mon approche du métier : toujours repousser ses limites pour apprivoiser les techniques et la matière. Les rencontres et les échanges accélèrent les apprentissages. De belles rencontres m’ont fait avancer à pas de géant dans ma construction en tant que boiseux. À mon tour de partager mon expérience comme beaucoup l’ont fait avant moi. Voici donc cet article sur la fabrication d’un lit de bébé : j’espère vous permettre de prendre du plaisir à fabriquer vous aussi ce lit, ou tout autre objet.
Plan parfait
Merci beaucoup pour les plans, explications et détails, pour ma première vraie réalisation en bois, je suis très content du résultat, une petite photo de ma version: https://boller.co/lit.jpg
La seule modifications que j'ai apporté c'est la réalisation de petits cadres en bois que j'intercale sous le sommier (vissé dans les trous existant) afin de ne pas percer les montants à plusieurs endroit, je n'avais pas envie de voir les trous lorsque le sommier est en position basse.
Merci
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Vernis et peinture
Bonjour,
merci avant tout pour cet article et tous les détails donnés. je suis en train de me lancer dans l’exercice et je voulais savoir s'il y a des vernis et des peintures à préconiser pour un lit de bébé? de la même manière qu'il y a des vernis pour les plans de cuisine je me dis qu'il y a peut-être des précautions à prendre pour la sécurité de ces petits êtres fragiles.
merci d'avance!
Elie
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Vernis
De mon coté j'ai choisi un vernis aux norme jouet bébé que j'ai trouvé ici:
https://www.auboisenchante.fr/vernis-norme-jouet/75-69-vernis-norme-joue...
Dans tous les magasins casto/brico que j'ai fait il me racontait qu'il n'existe aucune norme sur les vernis ...
Pour la peinture étant donné qu'elle est recouverte par 3 couches de vernis, je suis moins inquiet, mais j'ai quand même pris une bonne peinture, celle avec le taux de COV le plus faible, je ne me rappel plus laquelle par contre.
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